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Le chemin paraissait interminable, mais l'endroit offrait néanmoins une bucolique ballade entre les prairies et les bosquets, le tout sous une paisible lumière hivernale. 

Après avoir marché quelques temps, m'apparurent alors les premiers éléments de cette grosse propriété: Là, parmi les lauriers, peupliers et autres arbres qui peuplaient le domaine, se dressaient quelques bâtiments délabrés à l'allure fantomatique. Une maison de gardien, sûrement, ainsi qu'une sorte de garage. Toutefois, mon attention ira instantanément sur ce beau camion Unic, terré à peine plus loin dans la végétation. Ce imposante épave, en gardienne des lieux, semblait regarder passer quiconque osait s'aventurer ici. 

Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.

Au coeur de ce parc devenu forêt vierge, la silhouette de l'imposant château avait pratiquement disparu sous les arbres. Son état était surprenant: Sa façade était tombée depuis belle lurette, exhibant une amoncellement de pièces vides, de planchers pourris et de cloisons effritées. Cette étonnante béance était surmontée par la massive toiture, tenant encore par je ne sais quel miracle sur cet amas de matériaux en fin de vie. Cette pauvre demeure ne ressemblait à présent plus à rien, écorché, défiguré : Elle a perdu ce qui lui donnait son identité, son cachet ou son allure... Un château sans visage.

Une fois dedans, c'est dans un bel environnement de bois vermoulu, de peinture écaillée et de plâtre émietté que j’errerai... Ambiance un brin romantique d'une faste demeure érodée par les années d'oubli. Splendide vision, aussi, que cette imposante salle de bal à demi effondrée. Elle devait être belle à l'époque, haute de deux niveaux et parée de grandes vitres arrondies: On imagine que celui qui l'a créé souhaitait donner cette impression que la pièce donnait directement sur le dehors. C'est chose faite à présent, intérieur et extérieur ne faisant désormais plus qu'un dans cette vaste pièce. Un vrai jardin couvert improvisé. 

Peint sur le mur d'un salon, une inscription "Travail, Famille, Patrie" encadrait un blason aux couleurs françaises, sur lequel apparaissait un animal que je n'ai pas réussi à identifier. Cette fresque témoigne de l'ancienne activité de l'endroit sous le régime de Vichy.

Je ne m'aventurerais que dans une petite partie de l'étage, rendu dangereux par les éboulements et les planchers qui se gondolaient. Toujours cette même ouverture vers l'extérieur, toujours ce même décor ruiné.

Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.

de retour dehors, je déambulerais dans l'épais sous-bois humide qui entourait la bâtisse. Ancien bassin, murets ou dépendances disparaissaient lentement, happés par une nature vorace. 

Parquée entre deux bâtiments, une splendide Traction Avant Citroën semblait barrer la route. Cette élégante silhouette noire s'accordait parfaitement avec la végétation qui galopait dessus. A en croire que certains objets ne perdent rien de leurs allure, même après des années d'abandon. 

A peine plus loin, une lourde porte rouillée ouverte m'invitera à voir ce que pouvaient cacher un petit hangar à l'allure industrielle. J'y découvrirais alors deux superbes véhicules, de styles et d'époques totalement différentes, qui sommeillaient dans la poussière depuis une éternité. J'aime la classe inimitable qu'ont ces vieilles Volvo, et que dire face à cette antique 402 qui semblait affronter avec vaillance le temps qui passe ?.. Cet endroit a décidément tout pour me plaire: La demeure oubliée et perdue au milieu de rien, son lot de communs et dépendances en ruines, quelques détails curieux ou intéressants, et plusieurs véhicules anciens à l'état d'épaves, dans des situations et ambiances différentes... Le genre de trouvaille que j'aimerais faire plus souvent. Il est toutefois navrant de constater que, même au bon milieu de la campagne, certains sont venus briser les vitres de ces braves autos; à croire que ces gens font des kilomètres dans l'unique but d'aller casser du verre... Tant-pis. 

Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.

Laissant cet ancien garage ou atelier et ses habitantes à leurs lourd sommeil, me revoilà parti voir ce que le terrain pouvait encore me montrer. Car il est évident que je n'avais pas tout vu. M'enfonçant un peu dans la forêt, de nouvelles formes rouillées s'offriront à moi : Le brave camion Simca semblait peiner à supporter le poids de la belle Ford Taunus coupé que l'on a posé jadis à l'arrière. La scène ferait penser à un dépannage figé à travers les années... Plus loin, me voilà au chevet de deux tracteurs anciens parqués dans un abris effondré, où poutres vermoulues se mêlaient avec la végétation en un incertain mélange.

Ma visite se terminera ensuite avec la découverte de quelques fermes disposées ça et là sur de domaines, et elles aussi inhabitées de longue date. Après quoi, me revoilà à parcourir ce très long chemin, mais cette fois-ci en sens inverse, jusqu'à regagner la petite route de campagne par laquelle j'étais arrivé. 

On ne supposerait pas, vu d'ici, la présence d'un château, de ses communs et plusieurs véhicules dans un état d'abandon des plus total. Il faut dire qu'un demi-siècle de déshérence, ça a de quoi transformer n'importe quelle propriété. Ici, le vaste parc avec ses allées, son bassin ou ses pelouses sera progressivement conquis par les arbres tandis qu'une partie des dépendances serviront un temps d'atelier, avant de sombrer elles-aussi dans l'oubli. Seuls quelques agriculteurs locaux, chasseurs ou curieux dans mon genre ne s'aventurent désormais par ici.  Et aujourd'hui, il ne reste de l'endroit qu'une imposante carcasse de pierre, de fer et de bois peinant à tenir sur elle-même, cachée dans une épaisse forêt. Encore un demi-siècle et celle-ci aura totalement disparue, avec tous ses intrigants souvenirs.

Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.
Le château sans visage.

Peu de temps après avoir publié cet article, voilà sur quoi je tomberais en chinant dans une caisse pleine de vieilles cartes postales lors d'un vide-greniers... Sans la légende qui accompagnait cette vieille photo datant sûrement du début du siècle, je n'aurais tout simplement pas reconnu le château, et pour cause: Où est la toiture, les deux serres, la chapelle ainsi que le deuxième étage ?!..

Après vérifications et comparaison avec d'autres photos d'époque, il s'agit bien du même endroit, mais avant de profondes modifications : Ces grandes baies vitrées arrondies et son sobre tympan ne trompent pas. On imagine facilement que le toit plat n'était pas forcément des plus adapté au climat local, quand aux autres éléments comme la chapelle ou les verrières, celles-ci ont du prendre place au fil des ans.

Les personnages figurant sur la photographie se douteraient-ils que la faste demeure devant laquelle ils trônent allaient finir dans un si triste état. Probablement pas, l'époque semblait prospère pour ce riche domaine, loin, bien loin de ce qu'il est à présent devenu.

Le château sans visage.
Tag(s) : #Manoirs. châteaux. Villas, #Epaves. Voitures abandonnées
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