L'école aux statuettes.

On croirait cet immeuble de trois étages encore en activité s'il ne trônait pas au milieu d'un parking labouré par les machines pour empêcher quiconque voudrait élire domicile dessus. Après avoir traversé cette surface chaotique, comme retournée par un violent séisme, c'est sans peine que j'entrerais à l'intérieur du bâtiment, pour découvrir là une impression assez différente, car contrairement à ce que j'aurais pensé au départ, l'endroit est resté en relativement bon état. 

Difficile de savoir au départ si je suis seul à rôder dans cette ancienne école: Le vent secoue violemment les tôles qui recouvrent les murs et les déplacement d'air font claquer chacune des portes restées ouvertes, plongeant l'endroit dans un semi-vacarme assez troublant quand on sait que celui-ci est fréquenté assez régulièrement par les pilleurs de métaux. Ces derniers ont laissé derrière leurs passage des salles saccagées aux faux-plafonds défoncés, comme retournées par un ouragan, mais n'ont pour l'instant pas eu le temps de s'attaquer à la grande majorité du site. Tant-mieux pour moi, car je sais éperdument que d'ici quelques mois, les bâtiments ressembleront vite à un véritable taudis à l'ambiance de fin du monde; c'est ainsi que finissent beaucoup de lieux abandonnés, surtout quand ceux-ci ont été "découverts" par quelques personnes mal intentionnées... 

L'endroit est vide mais cache encore de nombreux détails, je découvrirais au fil des pièces dessins, photographies ou fresques rappelant les cours qui étaient donnés ici; de nombreuses statuettes aussi, pour la plupart représentant des monstres ou des créatures fantastiques, rangées sur des étagères ou oubliées ça et là dans quelques recoins. Je garderais pour la fin de la visite la partie qui serait, si on en croit les affiches placardées là, protégées par une alarme, et celle d'où provient un sifflement permanent, sorti d'un petit appareil dont j'ignore l'utilité. Rien ne viendra troubler ma ballade, et c'est sans ennui que j'irais voir ces anciens ateliers plongés dans le silence et l'immobilité, ces corridors vitrés, ces sous-sols sombres où ce fond vert laissé sur place. 

J'aime ce genre de visite sans prétention, qui offre toutefois un intérêt certain; ma seule déception ici sera l'amphithéâtre resté solidement fermé, mais cette découverte presque improvisée n'en restera pas moins originale.