Les catacombes. #2

Le temps s'écoule vite sous terre. Midi était déjà passé sans qu'on s'en soit réellement rendu compte, tous occupés à errer dans ce labyrinthe silencieux. On s'en retournera donc à l'entrée de la cavité, pour prendre un repas amplement mérité sur le nez d'une Jumpy couvert de peinture. Le climat orageux de l'extérieur paraissait terriblement chaud et moite par rapport à l'agréable fraîcheur qui régnait dans les galeries. Toujours pas âme qui vive dans ce décor désolé...

Une fois notre collation terminée, on profitera d'être revenu à la lumière du jour pour jeter un coup d'oeuil à l'une des entrée de la carrière, à savoir une pièce qui devait jadis servir de garage, et qui a fini totalement détruite lors d'un violent incendie. Sous l'effet de la chaleur, le ciel (le plafond) est tombé sur la tête des voitures qui se trouvaient là, et toutes ont fini à la fois carbonisées et écrasées sous de lourds blocs de pierre. Les flammes ont laissé derrière leur passage une scène absolument chaotique, une étendue de rocaille blanche encastrée dans des tôles rouillées et déformées. Difficile de reconnaître les véhicules présents ici tant leurs états sont terrifiants. Mais, dans les décombres, on a pu identifier les restes d'un Peugeot J9, d'une Renault Rodéo, d'une PT Cruiser, d'une Mercedes des années 90, et visiblement d'une Alfa Roméo. Plus rien à tirer de ces carcasses sinon quelques photos, leurs violente destruction les ayant transformé en masses informes et inesthétiques. 

Nous revoilà partis profondément sous terre, à la découverte de toutes ces voitures perdues dans le noir. Je serais bien incapable de compter le nombre d'épaves qui ponctuent cet immense dédale inutile et oublié, mais une chose est sûre : Rarement un cimetière auto ne m'a paru à ce point interminable, à ce point exceptionnel.

L'aspect aléatoire et désorganisé du site me plait : Les véhicules sont posés ça et là sans aucune forme de rangement. Les époque et les styles s'enchaînent sans la moindre logique, s'entrechoquant parfois au sein de monticules rouillés et bordéliques. On peut ainsi passer d'une bien vieille Jeep Delahaye à une originale fiat rouge calée contre un mur en enjambant le reste d'une Twingo écrasée par terre. Sur les parois, des inscriptions du XIXème témoignent des différentes générations de carriers qui travaillaient autrefois ici... Car on aurait tendance à l'oublier, mais bien avant de devenir le sanctuaire mécanique que l'on connait, l'endroit était un site animé au rythme des outils et des ouvriers. 

Le souterrain est bien différent de ceux que j'ai l'habitude de visiter. Ici, pas de galeries sinueuses qui partent en tous sens sur des kilomètres, souvent basses de plafond ou parfois hautes comme des cathédrales. Pas non-plus de volumes inégaux et de tracés aléatoires : La cavité est on ne peut plus rectiligne, creusée dans la roche sous forme d'un impressionnant quadrillage. L'endroit est vaste et bien ordonné, si bien qu'il semble impossible de s'y perdre malgré sa taille assez impressionnante. Ca change des explos que je connais, dans des carrières si mal fichues qu'il nous arrive régulièrement de tourner en rond avant d'enfin retrouver la sortie.

Les heures passeront encore dans ce mausolée endormi, jusqu'au moment où il nous faudra regagner l'extérieur pour nous en retourner chez nous. Une journée entière passée sur un seul et même site abandonné, je n'avais jamais fait une chose pareille auparavant. Mais à dire vrai, je serais encore bien resté quelques heures supplémentaires sur place, à découvrir une autre relique cachée dans un coin, à prendre encore quelques photos, à profiter d'avantage de cette atmosphère incroyable. J'aime le décor et l'ambiance des souterrains, complètement hors de tout. Alors quand en plus de ça, il y a des autos anciennes en quantité astronomique, c'est le combo gagnant ! 

Merci à Julien pour ce tuyau, et merci Anne-Cécile, Philippe et Gauthier pour cette chouette virée, et à bientôt j'espère pour une nouvelle excursion du genre !