La maison du pendu.

A peu près chaque ville de France doit posséder sa demeure abandonnée que les locaux surnomment "la maison du pendu" et à laquelle on associe de nombreuses légendes urbaines, souvent forgées à coup de meurtres, de fantômes, de suicides ou d'histoires liées à la dernière guerre. Le beau manoir que je vais vous présenter fait partie de celles-ci.

Fantomatique, croulante, flanquée au bon milieu d'un très vaste terrain vague, la façade ponctuée de fenêtres grandes ouvertes comme autant de béances donnant dans la pénombre, il est impossible de rater cette superbe demeure abandonné depuis une vingtaine d'années qui agonise à la vue de tous. L'endroit m'a immédiatement séduit des le premier coup d'oeuil, me faisant penser à ces scènes que l'on peut voir dans certaines régions d'Amérique, où d'imposantes maisons aux murs blancs tombent en ruines au milieu d'immenses plaines.

Entrant dans l'édifice après avoir traversé l'étendue de broussailles qui l'entoure, c'est dans un décor complètement retourné que je me trouverais, où les plafonds s'écroulent, les gravats recouvrent le sol et où de nombreux trous par terre donnent sur les niveaux d'en dessous. Il est difficile de prendre quelques clichés réellement intéressants de l'intérieur. L'endroit a perdu de son cachet au cours de la réhabilitation dont il a bénéficié dans le passé, et à cause des dégradations qu'il subit au fur et à mesure que le temps passe. Mais l'ambiance est agréable et la promenade sereine, loin, très loin, de l'atmosphère sombre inquiétante que l'on associe aux maisons hantées. Chose amusante, de nombreux graffitis recouvrant les murs représentent cœurs et mots d'amours, changeant des insultes et grossièretés diverses que l'on voit d'habitude.

Bien connue des habitants d'Evreux et de ses alentours, cette sinistre bâtisse était surnommé la "maison du pendu". S'il n'est pas rare qu'une maison abandonnée porte un tel nom et soit affublé d'innombrables légendes urbaines morbides ou terrifiantes, il s'avère que la réputation de celle-ci soit (pour une fois) légitime : Construite en 1852 par un fabriquant de tissus parisien, la demeure aura entre autres connu durant son existence quelques décès, dont un suicide. En 1982, un homme assassinera son ex femme ainsi que la mère de cette dernière avant de se donner la mort à l'intérieur de cette bâtisse, justifiant ainsi l'aura sinistre que connait la propriété.

La maison au pendu sera finalement rasée en Octobre 2022, après des années de ruine, de rumeurs et de mystères.